Tuesday, 15 September 2009

Marie Under: Au Jardin du Luxembourg

Les murs s'écartent! Il y avait encore de la verdure sur terre!
Comme Moïse l'eau, quelqu'un a fait surgir un jardin du rocher.
Il y a de la terre! Le jardinier a ouvert la bouche de la terre de la vallée de vie
par un long tuyau il conduit l'eau sur le gazon.

Par tout le parc les platanes portent le ciel,
et quelques-uns dans leur cime l'oiseau espiègle du soleil.
Pigeons gris et bruns, gorge jaune renflée:
l'un tend le bec vers le bassin, l'autre frappe une pomme de pin.

Et les taches claires fuient, suivies de leurs ombres,
par l'ouverture de l'allée, sur le gravier humide.
Devant, par-delà une étincelante robe d'eau,
on voit des naïades la hanche qui s'étire.

Autour de la vasque de la fontaine, un million de fleurs
plus de couleurs et de nuances que l'arc-en-ciel
Là les enfants attendent des bateaux, qui dans l'île
sont allés, au milieu du lac plein de rires:

au-dessus vibrent les arcs des rayons d'eau,
Déjà là-haut des feuilles sèches se déchirent
plus bas s'ouvre une fleur tandis que les autres tombent:
c'est le duel vie-mort... automne-printemps.

Et les massifs de fuchsias: les flacons des fleurs
versent encore un brevage bleu et rose.
Là les artistes et leurs modèles
rompent le pain d'un nouvel amour.

Déjà par endroits a pali le drap vert du gazon,
mais le jet d'eau, clair, écume:
blanc de haut en bas comme un cerisier...
Les statues sont seules: la bouche qui chantait est fermée.

Mais les moustaches tombantes de Flaubert parlent d'ascétisme,
Verlaine est amer comme s'il buvait de l'absinthe;
George Sand, si féminine: les plis de pierre de la manche
ne laissent pas deviner l'encre sur ses doigts.

*

Les murs s'écartent et il y a encore de la verdure sur terre!
Comme Moïse l'eau, quelqu'un a fait surgir un jardin du rocher.
Il y a de la terre! Le jardinier a ouvert la bouche de la terre de la vallée de vie
par un long tuyau il conduit l'eau sur le gazon.

translation by courtesy of Leopoldo Niilus


LUXEMBOURGI AIAS

Et hargneb müüristik! Et veel on maa pääl haljust!
Kui Mooses vee, löönd keegi aia kaljust.
On mulda! Aednik avand maa suu: eluorust
vett juhib üle rohtmaa pikast torust.

Plataanid kandmas taevast pargist läbi,
ja mõne ladvas päikse edev lind.
Pruun-hallid tuvid, kummis koldne rind:
kel püüab vesiriba nokk, kel toksib käbi.

Ja helkjaid laike pageb, varjud järgi,
allee avausest üle rõske kruusa.
Ees läbi sätendava vesisärgi
on näha näkineitsi ringutavat puusa.

Fontääni vaagna ümber miljon lilli: värve
ja toone enam neil kui vikerkaarel.
Sääl lapsed laevu ootavad, mis saarel
käind, keset naerust kumisevat järve,

mis üle vesikiirte vibud värisemas, -
Ju ülal juivi lehti kärisemas,
all kargab lahti õis, kui teised pudenevad:
on elu-surma kahevõitlus - sügis-kevad.

Ja fuksiate tarad: õilmepudelid
veel kallutavad sini-roosat jooki. -
Sääl kunstnikud ja nende mudelid
on murdmas uue armu katsekooki.

Ju siin-sääl luitund muru roheline kalev,
on purskkaev aga vahutav ja valev:
see valge üleni kui kirsipuu...
Raidkujud endamisi: kinni laulusuu.

Askeetlusest kuid lausuvad Flaubert'i laskund vurrud,
Verlaine on mõru nagu rüübates absinti;
George Sand nii naiselik: need kivikäikse kurrud
ei lase aimata ta sõrmil tinti.

*

Et hargnes müüristik ja veel on maa pääl haljust!
Kui Mooses vee, löönd keegi aia kaljust.
On muida! Aednik avand maa suu: eluorust
vett juhib üle rohtmaa pikast torust.

Marie Under: Two Poems

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